Une triste fin de saison 2023 ...

Une triste fin de saison 2023 ...

C'est la triste fin de saison d’une petite ferme florale qui voulait penser le monde autrement.

Construire une activité idéale, en faisant les choses bien, avec la conviction chevillée au coeur que ce qui est bon et juste finira un jour par l’emporter.

Ce combat, vous le suivez avec nous depuis 4 ans maintenant. La radeau a traversé plusieurs tempêtes, mais on s’est accroché, et cette année, enfin, tout allait bien.

Avec Juliette et Christelle, on formait une bonne équipe. C’est une fierté de parvenir à créer et financer deux emplois en restant radicaux sur nos engagements. On l’aimait notre jolie petite ferme, petit bout de campagne si près de Paris. Les fleuristes étaient satisfaits de notre formule « abonnement », le volume de commande augmente. On réfléchit à mettre en place deux tournées supplémentaires pour 2024. Le plan de culture est ambitieux : on prévoit de doubler la surface de production, toujours sans mécanisation.
Les livraisons à vélos étaient souvent, malgré quelques grincheux, un festival de sourires surpris et enchantés, donnant l’impression de distribuer un peu de bonheur sur notre passage.

Dans le cadre du plan 40.000 arbres, le Département du Val de Marne prévoit une plantation de d’arbres et de haies sur la moitié du terrain en novembre, avec des essences qu’on a pu choisir.

La ferme va se transformer et prendre de l’ampleur. Décollage imminent. Attachez vos ceintures, la chute sera brutale.

Quand le carrosse devient citrouille

On a un principe fondateur à la ferme, c’est de veiller à ne pas abimer notre outil de travail (le champ) en y laissant après notre passage déchets plastiques, produits chimiques ou un sol lessivé. On a fait le choix de travailler le sol à la main, sans machine, parce que c’est plus doux, avec la sensation de ne pas brusquer les choses. On veut travailler avec la vie présente dans notre sol, et constater que le sol s’améliore de saison en saison est une grande source de satisfaction.

Mais voilà : début octobre, le ciel nous tombe sur la tête. Le Département (notre propriétaire) nous annonce que nous travaillons en fait depuis deux ans sur une ancienne décharge industrielle illicite. Personne ne s’en doutait, mais des analyses de sols réalisées à partir d’une étude historique viennent de le confirmer. Sur la ferme, les taux de pollution sont tels que la moitié du terrain - celle que nous avions jusqu’ici mis en culture (!), est définitivement condamnée (pas pour les fleurs mais pour nous protéger nous, comme travailleurs).

Il a donc fallu tout abandonner : les 112 parcelles préparées et les plantations déjà en cours pour le printemps 2024. Et en attendant de savoir si l’autre moitié du terrain est aussi polluée, nous avons dû mettre en stand-by toutes les plantations prévues, et attendre.

C’est encore difficile à accepter mais c’est la réalité. Notre jolie petite ferme « radicalement écologique » trônait en fait sur 4 mètres de déchets industriels bien immondes : hydrocarbures, métaux lourds, HAP. La totale. Victime d’un mal du siècle que l’on dénonce. C’en serait presque drôle.

Avec le Département, tout aussi désolé que nous, on essaie de donner une suite au projet, mais rien n’est certain.

Le destin nous a particulièrement gâté en octobre, on a reçu une double dose… 

Always look on the bright side of life

Quelques jours après l’annonce des pollutions, deuxième coup dur : Juliette se blesse au genou à l’escalade, rupture des ligaments croisés. D’ordinaire si active, il lui faudra beaucoup de patience et au minimum 8 mois pour pouvoir revenir travailler à la ferme.

Voilà donc où nous en sommes aujourd’hui. Juliette est blessée et le terrain est pollué. C’est beaucoup d’un coup.

Alors on fait quoi ?

D’abord il a fallu un peu de temps pour intégrer que tout ce qu’on projetait n’existera jamais (en tout cas pas sous cette forme), et qu’il n’est pas impossible que tout s’arrête maintenant, brutalement.

Ensuite il faut quand même essayer d’avancer.

Le Département s’est arrangé pour qu’on puisse obtenir rapidement le résultat des analyses complémentaires. Nous avons maintenant l’autorisation de continuer sur l’autre moitié du terrain, même si, selon le rapport final, le sol est pollué avec un risque sur cette zone qualifié d’ « acceptable ». On essaie d’y voir plus clair pour avoir des références et comprendre quel est précisément ce risque « acceptable ».

Le Département a aussi fait venir un tracteur pour nous aider à rattraper un peu le retard en labourant des parcelles. J’ai hésité, mais a-t-on le choix ? Et puis cela nous permettra de comparer les deux méthodes.

Enfin une procédure sera lancée pour négocier un dédommagement. Cela pose d’ailleurs beaucoup de questions (quelle « valeur » a notre projet et l’engagement qu’on y a mis ?).

L’énergie reste encore difficile à trouver pour continuer. Le choc est rude. Il faut avancer mais l’envie reviendra-t-elle ? Je ne sais pas.

Si on essaie de voir le « bon côté des choses » : on aurait pu travailler encore vingt ans dans cette terre polluée sans le savoir, donc finalement on a eu de la chance. Et puis soyons chaque jour heureux de vivre dans un pays en paix. C’est bébête à dire mais c’est vrai.

On vous tiendra au courant pour la suite…

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2 commentaires

Bonjour, j’étais ravie de découvrir votre site et votre travail, je suis très triste de ce qui vous arrive.
Je actuellement en contrat d’insertion en maraîchage mais la fleur m’attire beaucoup plus, c’est pourquoi je recherche actuellement des stages (PMSMP) qui me permettrait dans apprendre plus.
Je serai ravis d’ainsi pouvoir aider et apprendre en même temps.
N’hésitez pas à me contacter à cet e-mail.
En attendant je vous souhaite plein de courage.
Bien cordialement

Le Hoang an Brunehilde

Vraiment désolée pour ces coups durs successifs et combien ironique concernant la pollution des sols. Ce qui est très encourageant à vous lire est le soutien du département. Seul l’espoir et le courage que vous avez déjà, et dont si on savait comment faire, je serais heureuse de vous en envoyer une pleine charrette vous permettront de continuer cette aventure pleine de sens

Laigle

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